Pour comprendre l’enjeu d’un clasico et l’engouement des Espagnols pour ce sport, il faut parfois remonter loin dans le passé. Comme souvent dans les dictatures, Franco a encouragé la passion citoyenne pour le ballon, unique populisme toléré par son régime. Au Camp Nou, les Catalans pouvaient ainsi librement insulter les arbitres madrilènes dans leur langue, interdite par les franquistes. Aujourd’hui, la passion espagnole du ballon, débutée bien avant l’apogée du Caudillo, fascine. En quoi est-elle différente ?
De nos jours encore, anecdotes, faits historiques, citations célèbres, bref, les épopées footballistiques d’antan continuent d’articuler le contexte des duels de demain. À Madrid ou à Barcelone, les aficionados et les chroniqueurs… personne n’a rien oublié. Ni du passé, ni du présent. Car parfois, la politique s’invite aussi à la fête : souveraineté indépendantiste contre impérialisme centralisateur… les tensions sont réelles, prenant en otage les joueurs, avec ou sans leur consentement. Une complexité drôle ou agaçante, jamais anodine, qui rend ces matchs si singuliers voire dramatiques.
Telle est la matière de ce livre, très documenté, qui décortique les rouages d’un poker menteur opposant deux peuples, rassemblés sous la bannière des deux clubs les plus aimés et les plus détestés de la planète, les plus puissants aussi.
L’ouvrage s’appuie sur les témoignages de joueurs, dirigeants, journalistes, fans blaugranas ou madrilènes, racontant leur passion, leur haine de l’autre, prenant le lecteur sous le feu du tir croisé d’une guerre des mondes, qui n’est pas prêt de prendre fin.
Thibaud Leplat, 32 ans, est journaliste. Correspondant à Madrid pendant 8 ans pour les médias français, presse écrite et TV (Le Parisien, So Foot, Canal +, TF1, Eurosport, notamment), il a assisté sur place à une dizaines de clasicos (au stade Santiago Bernabeu de Madrid)…
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