La défaite contre Milan a mis en lumière l'absence de
solution de rechange au FC Barcelone. L'ogre Catalan a besoin de
nouveaux profils, analyse François David, qui souffle le nom de Fernando
Torres comme recrue potentielle l'été prochain.
Gueule de bois à Barcelone ce jeudi matin. La démonstration de
puissance et de coordination défensive du Milan AC a plongé les
supporters dans le doute. La force de l’instantané, celle qui brouille
les esprits et les espoirs. La pire qui soit. Comme l’a dit Xavi ce
jeudi, "cette génération a droit à sa remontée historique".
Sans me risquer à quelconque pronostic, je pense aussi que c’est
possible, pour différents raisons (facteur Camp Nou, pelouse en bon
état, etc…). Hormis Valence, pour qui se sera compliqué contre le PSG,
je ne vois d’ailleurs aucune équipe espagnole condamnée : Malaga peut
très bien renverser la situation face à Porto et le Real Madrid a
largement les moyens de marquer sur la pelouse de Manchester United.
Si, bien sûr, toutes les équipes de Liga sont éliminées, il faudra se
poser la question sur la viabilité du modèle espagnol. Nous n’en sommes
pas encore là. Néanmoins, ce post a pour but de partager avec vous
quelques observations sur les évolutions que le Barça doit donner à son
jeu. Les principes de jeu et les idées du club sont évidemment les plus
adaptés au club. Ils lui ont permis de forger son identité et d’en
faire un modèle. Toutefois, chaque modèle a besoin d’innovations. Le
huitième de finale aller à Milan l’a révélé de façon magistrale.
Lineker : " Pour être vue comme la meilleure équipe de tous les temps …"
Le
Barça de Pep Guardiola et celui de Tito Vilanova sont les mêmes. On me
dit que c’est plus direct aujourd’hui, etc… Non, je ne vois pas de
grosses différences dans les idées. Vilanova est le disciple de
Guardiola et chacun, au sein du club, a vanté "la continuité"
lors de la passation de pouvoir. J’ouvre une parenthèse : l’absence de
Vilanova a tout de même bien dû perturber le club au final. Jordi Roura
est un bon gars, mais ce n’est pas l’entraîneur du Barça. Il n’était
sans doute pas prêt pour une telle charge. Dans n’importe quel club, il
faut un chef. L’autogestion (ou la cogestion à distance pour être plus
précis) a ses limites.
Vilanova est toujours l’architecte
du FC Barcelone. Depuis New-York, il continue de fixer les grandes
lignes et communique via "whatsapp" pendant les matches. Peut-être
doit-il s’interroger maintenant sur la nécessaire évolution de son
club. Gary Lineker le disait mercredi sur twitter : pour être considéré
comme la plus grande équipe de tous les temps, le Barça doit trouver
des solutions contre les équipes regroupées. Et l’ex-attaquant de
l’Angleterre… et de Barcelone d’énumérer tous les matches (Inter Milan,
Chelsea, Celtic Glasgow, Milan AC) au cours desquels le FCB s’est
heurté à un mur. Lineker voit juste. Si Barcelone manque son
rendez-vous du 12 mars et qu’il s’entête dans cette politique (louable
au départ, mais qui n’a pas assez tenu compte de l’évolution des
adversaires), il y aura toujours un doute.
Cette politique de redoublement de passes, de combinaisons
subtiles flanche quand il n’y a pas d’espaces ou que les joueurs sont en
méforme. Contre le Milan AC, le Barça cherchait l’action parfaite pour
marquer. Dans l’équipe de départ, il y avait dix joueurs sur onze
formés à la Masia, où l’on apprend une certaine façon de voir le
football, mais qui exclut d’autres plus "rudimentaires". A Barcelone,
ils ne sont que trois à prendre régulièrement leur chance en dehors de
la surface : Xavi, Fabregas et Villa. L’absence de ce dernier dans un
match aussi compliqué a pesé. La volonté de Lionel Messi de jouer
attaquant central (et qui pourrait l’en dissuader vu ses stats), sa
propension à vampiriser le jeu offensif catalan, amène aussi la
question de l’intégration des attaquants extérieurs à la Masia. Alexis
Sanchez est en plein doute et n’ose plus tenter. David Villa semble
bridé aussi. La réflexion pourrait (devrait ?) aller sur ce terrain-là.
El Nino a tout ce qu’il faut
Et
c’est là que le fameux "plan B" réapparait… Ce "plan B" que l’on
ressort à chaque échec barcelonais. N’empêche qu’il n’y en a pas. Ou
plutôt si : Gérard Piqué, le seul à amener autre chose en attaque quand
les choses ne tournent pas rond. En 2006, Frank Rijkaard avait été
heureux de compter sur Henrik Larsson en finale de la Ligue des
champions. Ce joueur "différent", utilisé sur quelques dizaines de
minutes en Ligue des champions, le Barça ne le possède pas aujourd’hui.
David Villa, s’il a certaines caractéristiques, n’évolue pas
totalement dans ce registre.
Cet été, Neymar va venir
renforcer les rangs barcelonais. C’est pratiquement acté. Villa, lui,
pourrait partir. Mon "plan B" : Fernando Torres. Vieux rêve de Sandro
Rosell, Torres serait la recrue idéale, pour peu qu’il puisse accepter
son rôle et qu’il baisse son salaire de prince. Visiblement, l’air de
Chelsea ne lui convient pas. Il n’est pas toujours titulaire. A
Barcelone, El Nino, bientôt 29 ans, pourrait retrouver son
prestige. Il connaît tous les Espagnols. Il est rapide, puissant et bon
de la tête. L’adaptation en serait facilitée. Maintenant, pourrait-il
venir sachant que la place de "9" est prise par le meilleur joueur du
monde ? Si son ego le lui autorise, si Messi est d’accord pour
souffler, si les finances le permettent, il serait le plus formidable
remplaçant que le Barça puisse avoir. Lui serait capable d’amener autre
chose. Si Milan conserve, au retour, l’avantage qu’il a pris hier, le
Barça explorera forcément ce type de solution.
François DAVID
Journaliste,
François David vit à 'Barcelona', où il est spécialiste de la Liga
pour RFI, France Info et Le Parisien. Il collabore aussi avec quelques
stations de radio espagnole, notamment Cadena Ser et la "Cope", où il
intervient régulièrement pour évoquer la Ligue 1 et les performances
des joueurs français évoluant en Liga.
(SOURCE : EUROSPORT.FR)
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