Le Barça a perdu le goût de la prise de risque et refuse de
s'adapter tactiquement à son adversaire. Deux éléments d'approche qu'il
devra modifier à l'avenir s'il veut rester au sommet de l'Europe. Dans
son analyse, François David explique que le club catalan s'est endormi
sur des certitudes que le Bayern Munich a violemment fracassées.
Mais
revenons sur le désastre. Le Bayern, mercredi, a donné la leçon. Les
Allemands resteront dans l'histoire comme ceux qui ont humilié le grand
Barça. Mais était-ce vraiment le grand Barça ?
Plus aucune prise de risque chez les attaquants
- Un constat : pourquoi, sans Messi, l'équipe n'arrive plus à gagner ? Même pour défaire un Levante englué dans une grave crise sportive, Barcelone n'avait gagné que 1-0, un but de Fabregas dans les derniers instants. Les Catalans ont dû aussi attendre la rentrée de Messi pour marquer face à Bilbao. Je tweetais ça hier soir : "Pourquoi à part Messi personne ne provoque plus en un contre un ?". Est-ce la faute du système ? D'un manque d'initiative ? Un peu de tout ça. L’idée du Barça made in Guardiola-Vilanova tournait autour du rejet de la perte de balle, du déchet. Mieux valait repasser par derrière que tenter de passer si l'on n'était pas sûr. Une idée force, louable, mais qui inhibe désormais les prises de risque individuelles. Le collectif a mangé l'Homme.
Mis à part Pedro (et encore) et surtout Tello, plus aucun joueur n'attaque son adversaire. L'exemple d'Alexis Sanchez est flagrant : lui dont on vantait la qualité de percussion à l'Udinese est devenu un enfant, qui n'ose plus de peur de se faire gronder par le public et ses partenaires. Alexis a trop voulu s'adapter au style Barça au point de perdre ses propres qualités. Pourtant, il est incontestable que le public du Camp Nou n'attend qu'un exploit individuel pour s'enflammer, surtout en ce moment. Comme il n'attend qu'une grosse frappe en lucarne des 20 mètres pour sortir de sa torpeur.
Bien sûr, quand il y a Messi, les choses changent. Le quadruple Ballon d'Or est tellement fort qu'il peut créer les décalages dont ses partenaires profitent. Mais même en sa présence (et on l'a vu plusieurs fois en cette fin de saison), le Barça, qui rechigne à tirer de loin, doit faire l'action parfaite pour marquer dans des espaces de plus en plus réduits. Et comme tout se passe dans l'axe (une grosse différence par rapport au Barça de Cruyff qui demandait d'écarter le jeu au maximum), la marge d'erreur est encore plus réduite. L'ultra possession de balle a ses limites même avec Messi. Alors imaginez sans lui...
Changer de tactique en cours de match
Actuellement, le fait de vouloir imposer son style de jeu à tout prix ne convient plus dans les grands matches. J'ai beaucoup aimé le Barça 2011 et sa faculté à tuer dans l'oeuf toute imposition. Mais c'est un modèle qui date de deux saisons maintenant. Une éternité. Le Barça doit évoluer, conserver une partie de ce style, mais ajouter aussi d'autres cordes à son arc. Une grande équipe comme Barcelone doit pouvoir changer de tactique pendant un match. Je propose même d'aller plus loin, quitte à faire lever les plus intégristes de leur fauteuil : que le Barça s'adapte plus à son adversaire. Qu'il cesse de vouloir dominer sans cesse pour mieux surprendre. Cela passera par une petite cure de réflexion, d'autocritique, peut-être même de modestie. Mais cela me parait nécessaire pour que Barcelone conserve sa place sur le toit du monde.
Je regrette par exemple de rarement voir le Barça faire une contre-attaque. Messi adore les jouer. Laissons lui en la possibilité ! On peut regarder aussi ce qui se faisait de bien en 2006 ou en 2009. S'inspirer du passé n'est pas une insulte.
Pour conclure sur ce qu'a dit Piqué, il faut des renforts. Et pas des moindres. Pour changer de style en cours de match tout en gardant son identité. Pas simple, mais un défi pour Sandro Rosell dont les oreilles ont pas mal sifflé mercredi soir. Le président du Barça n'a pas le choix. Il faut convaincre les socios qu'il est l'homme de la situation. Il doit sortir l'artillerie lourde et frapper un grand coup.
Il doit faire venir Neymar dans les prochaines semaines pour calmer la "vox populi". Il doit trouver une porte de sortie à Alexis Sanchez (complètement démoralisé mais qui garde un certain cachet en Italie) et David Villa (qui n'apporte malheureusement plus rien). Rosell aurait peut-être dû vendre El Guaje cet hiver. Récolter 15 millions d’euros sur lui aujourd'hui semble injouable... Il doit aussi gérer les retours de prêt (Afellay, Bojan, Cuenca...) et donner l'illusion que le Barça n'a jamais vacillé.
Chez les supporters, il faudra enfin admettre que de glorieux anciens comme Puyol, Xavi et Victor Valdes doivent peu à peu passer la main, tout en étant impliqué dans ce nouveau projet.
Soyons optimiste : les grands clubs ne meurent jamais. Une nouvelle ère s'ouvre devant nous. Nous en resterons les spectateurs privilégiés.
François DAVID : Journaliste, François David vit à 'Barcelona', où il est spécialiste de la Liga pour RFI, France Info et Le Parisien. Il collabore aussi avec quelques stations de radio espagnole, notamment Cadena Ser et la "Cope", où il intervient régulièrement pour évoquer la Ligue 1 et les performances des joueurs français évoluant en Liga.
(SOURCE : EUROSPORT.FR)
Gérard Piqué
a dit mercredi soir ce que tout le monde pense : il faut du changement
au Barça. Pas une révolution, mais une évolution, nécessaire et logique
compte tenu du désastre munichois.
Le défenseur champion du monde et d'Europe s'inclut dans la remise en
cause. Publiquement et à plusieurs reprises, il en a appelé "à une prise de décisions".
Plus de travail individuel et collectif, plus de renforts à
l'intersaison (on y reviendra) et plus de compétitivité. Piqué a raison
et j'espère que ses partenaires ne lui en tiendront pas gré. On aime ou
on n’aime pas Piqué. Je le considère comme un excellent défenseur
seulement quand il a une force brute à ses côtés (Puyol, Sergio Ramos).
Mais j'aime son caractère, c'est un leader. Si Messi aura certainement
le brassard un jour pour l'image, je vois parfaitement Piqué capitaine
de Barcelone pour tout le reste.
Plus aucune prise de risque chez les attaquants
- Un constat : pourquoi, sans Messi, l'équipe n'arrive plus à gagner ? Même pour défaire un Levante englué dans une grave crise sportive, Barcelone n'avait gagné que 1-0, un but de Fabregas dans les derniers instants. Les Catalans ont dû aussi attendre la rentrée de Messi pour marquer face à Bilbao. Je tweetais ça hier soir : "Pourquoi à part Messi personne ne provoque plus en un contre un ?". Est-ce la faute du système ? D'un manque d'initiative ? Un peu de tout ça. L’idée du Barça made in Guardiola-Vilanova tournait autour du rejet de la perte de balle, du déchet. Mieux valait repasser par derrière que tenter de passer si l'on n'était pas sûr. Une idée force, louable, mais qui inhibe désormais les prises de risque individuelles. Le collectif a mangé l'Homme.
Mis à part Pedro (et encore) et surtout Tello, plus aucun joueur n'attaque son adversaire. L'exemple d'Alexis Sanchez est flagrant : lui dont on vantait la qualité de percussion à l'Udinese est devenu un enfant, qui n'ose plus de peur de se faire gronder par le public et ses partenaires. Alexis a trop voulu s'adapter au style Barça au point de perdre ses propres qualités. Pourtant, il est incontestable que le public du Camp Nou n'attend qu'un exploit individuel pour s'enflammer, surtout en ce moment. Comme il n'attend qu'une grosse frappe en lucarne des 20 mètres pour sortir de sa torpeur.
Bien sûr, quand il y a Messi, les choses changent. Le quadruple Ballon d'Or est tellement fort qu'il peut créer les décalages dont ses partenaires profitent. Mais même en sa présence (et on l'a vu plusieurs fois en cette fin de saison), le Barça, qui rechigne à tirer de loin, doit faire l'action parfaite pour marquer dans des espaces de plus en plus réduits. Et comme tout se passe dans l'axe (une grosse différence par rapport au Barça de Cruyff qui demandait d'écarter le jeu au maximum), la marge d'erreur est encore plus réduite. L'ultra possession de balle a ses limites même avec Messi. Alors imaginez sans lui...
Changer de tactique en cours de match
Actuellement, le fait de vouloir imposer son style de jeu à tout prix ne convient plus dans les grands matches. J'ai beaucoup aimé le Barça 2011 et sa faculté à tuer dans l'oeuf toute imposition. Mais c'est un modèle qui date de deux saisons maintenant. Une éternité. Le Barça doit évoluer, conserver une partie de ce style, mais ajouter aussi d'autres cordes à son arc. Une grande équipe comme Barcelone doit pouvoir changer de tactique pendant un match. Je propose même d'aller plus loin, quitte à faire lever les plus intégristes de leur fauteuil : que le Barça s'adapte plus à son adversaire. Qu'il cesse de vouloir dominer sans cesse pour mieux surprendre. Cela passera par une petite cure de réflexion, d'autocritique, peut-être même de modestie. Mais cela me parait nécessaire pour que Barcelone conserve sa place sur le toit du monde.
Je regrette par exemple de rarement voir le Barça faire une contre-attaque. Messi adore les jouer. Laissons lui en la possibilité ! On peut regarder aussi ce qui se faisait de bien en 2006 ou en 2009. S'inspirer du passé n'est pas une insulte.
Pour conclure sur ce qu'a dit Piqué, il faut des renforts. Et pas des moindres. Pour changer de style en cours de match tout en gardant son identité. Pas simple, mais un défi pour Sandro Rosell dont les oreilles ont pas mal sifflé mercredi soir. Le président du Barça n'a pas le choix. Il faut convaincre les socios qu'il est l'homme de la situation. Il doit sortir l'artillerie lourde et frapper un grand coup.
Il doit faire venir Neymar dans les prochaines semaines pour calmer la "vox populi". Il doit trouver une porte de sortie à Alexis Sanchez (complètement démoralisé mais qui garde un certain cachet en Italie) et David Villa (qui n'apporte malheureusement plus rien). Rosell aurait peut-être dû vendre El Guaje cet hiver. Récolter 15 millions d’euros sur lui aujourd'hui semble injouable... Il doit aussi gérer les retours de prêt (Afellay, Bojan, Cuenca...) et donner l'illusion que le Barça n'a jamais vacillé.
Chez les supporters, il faudra enfin admettre que de glorieux anciens comme Puyol, Xavi et Victor Valdes doivent peu à peu passer la main, tout en étant impliqué dans ce nouveau projet.
Soyons optimiste : les grands clubs ne meurent jamais. Une nouvelle ère s'ouvre devant nous. Nous en resterons les spectateurs privilégiés.
François DAVID : Journaliste, François David vit à 'Barcelona', où il est spécialiste de la Liga pour RFI, France Info et Le Parisien. Il collabore aussi avec quelques stations de radio espagnole, notamment Cadena Ser et la "Cope", où il intervient régulièrement pour évoquer la Ligue 1 et les performances des joueurs français évoluant en Liga.
(SOURCE : EUROSPORT.FR)
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