Après son "Waterloo", le FC Barcelone doit faire évoluer son logiciel et reconstruire son projet autour du duo Messi - Iniesta. Voici l'analyse de François David.
Quelques heures après l’Alesia du FC Barcelone en terre munichoise
(l’expression "Waterloo" a été utilisée mardi soir par l’excellent
confrère d’Eurosport.es, Ruben Uria), une réflexion s’impose. Sauf
miracle – aucune équipe vaincue 4-0 ne s’est qualifiée en 171 matches –
le Barça n’ira pas à Wembley, lieu de sa consécration continentale en
2011. L’image laissée par l’équipe Culé à l’Allianz Arena a fait du mal
au club catalan. Dans la lignée du match aller à San Siro face au Milan
AC (2-0) ou de la double confrontation face au PSG (2-2, 1-1). Un PSG
qui fut même parfois supérieur au tout puissant Barça.
. Physiquement : l’équipe est à genoux. Ou du moins les cadres. Messi, on le sait aujourd’hui n’était pas en état de jouer malgré les démentis officiels (notamment de l’intéressé). Sergio Busquets, le premier à pouvoir casser les lignes grâce à ses passes et à ses incursions, peut à peine courir. Iniesta et Xavi ont une grosse année de compétition dans les jambes (et notamment l’Euro). Cela commence à se voir, surtout chez Xavi. Pedro, Piqué… et Messi n’avaient pas joué un match de compétition depuis le match retour au Camp Nou face à Paris. Et on passe sur Alves, Jordi Alba, etc… Seul Victor Valdès est à son vrai niveau depuis plusieurs semaines. Un gardien. Tout un symbole. Le management sportif est évidemment responsable sur deux points : ne pas avoir donné leur chance à Song, Thiago, Tello (en tribune hier soir) dans les rencontres décisives… et la planification de l’équipe. Il y a trois mois, le Barça volait. Aujourd’hui, il marche. Et dire que plusieurs tournées exotiques lucratives sont prévues cet été….
. Mentalement : l’équipe ne répond plus depuis le fameux match retour face au Milan AC (4-0). L’usure sans doute. Les cadres espagnols ont dû se sortir de plusieurs pièges pour continuer leur route : le match à Paris remporté face à l’équipe de France (0-1), Milan, PSG… Le ressort est cassé.
. Tactiquement : le Barça doit affronter des équipes hyper préparées. On le sait, le combo "pressing-marquage serré-repli express" est désormais l’antidote anti-Barça. Les remontées catalanes sont moins rapides, plus laborieuses et donc moins dangereuses. Quelques grands clubs européens (Bayern, Real Madrid) sont aujourd’hui au-dessus. Le Barça manque de verticalité et de vitesse. Les attaquants catalans, comprenant qu’ils avaient Messi avec eux, se sont trop reposés sur son talent. Barcelone transmet aussi une douloureuse impression de fébrilité défensive. Dès que les premières lignes d’attaque sont passées, les défenseurs sont livrés à eux-mêmes. Enfin, sur les coups de pieds arrêtés, le Barça souffre énormément.
Le Barça et le modèle argentin
Au-delà de ces considérations appartenant déjà à un proche passé, regardons vers le futur. La première idée à explorer sans tabou, c'est que Barcelone doit changer de modèle. Il n’y a aucune honte à cela. En attendant de trouver d’autres idées (Barcelone reste un formidable laboratoire), j’avance une chose : donner les pleins pouvoirs à Messi. Et inclure Iniesta dans le leadership. Un peu comme Jordan-Pippen (Chicago Bulls) ou James-Wade (Miami Heat) dans les grandes équipe de NBA. Le boss et son lieutenant. Messi s’éclate (enfin...) avec l’Argentine ? Et bien le Barça doit jouer comme l’Argentine, du moins dans un premier temps. Pour retrouver les sensations, le chemin du but. Certes, ce jeu plus direct entraînera inévitablement du déchet, dans un système qui rejette le déchet. Mais qu’importe. Cela fait sens.
L’Argentine joue en gros en 4-2-2-1-1. Messi joue en retrait d’Higuain avec normalement Di Maria et Lavezzi sur les côtés. Derrière, Gago et Mascherano font le sale boulot. Le FCB peut s’inspirer de ce modèle. Surtout qu’il a les joueurs pour le faire. Cela impliquerait un changement d’homme, une sorte de relève générationnelle. Xavi devrait peu à peu passer la main. Un crève-cœur mais le football est sans pitié. Le vice-capitaine catalan n’a plus le coffre pour jouer en doble pivote (deux milieux récupérateurs) mais il pourrait faire un formidable remplaçant.
Après, bien sûr, il ne faudra pas se tromper dans le recrutement, ce qui n’est pas la spécialité locale. Neymar va venir et peut jouer à tous les postes en attaque. Derrière, il faudra une pointure. Un type comme Sergio Ramos ou Thiago Silva, deux rêves impossibles. Quant à l’attaquant : recruter Fernando Torres (peut être le plus malléable, capable d’aller sur le banc), Falcao, Agüero, voire Dzeko et se séparer de David Villa et d’Alexis Sanchez qui n’apportent pas grand-chose dans le jeu. Les investissements seront lourds cet été à Barcelone. Presque une obligation, pour retrouver le crédit altéré.
(SOURCE : EUROSPORT.FR)
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