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mardi 24 septembre 2013

A travers Valdès et Iniesta, le malaise latent de la "famille" Barça

Valdès va partir, Iniesta fait désirer sa prolongation. Ces deux épisodes sont les témoins d'une vie de famille très turbulente dans les coulisses du Barça, décrypte François David.


Bizarres ces derniers jours à Barcelone... Le Barça gagne 4-0 sur la pelouse du Rayo Vallecano et on insiste sur la "perte" du style maison, basé sur la possession de balle et le "Tiki-Taka" (les redoublements de passe). A cause d'une statistique : pour la première fois depuis le 7 mai 2008 et une défaite 4-1 au Real Madrid, Barcelone a "perdu" la possession de balle. Un crime pour les Ayatollahs du "Guardiolisme" habitués à voir leur équipe gagner, mais surtout à dominer le match. Sauf que l'on oublie que Gerardo Martino a été retenu pour amener "autre chose", un peu plus de verticalité et d'intensité pour casser le rythme et provoquer la faille dans les défenses. Et que le Rayo Vallecano de l'explosif Paco Jemez (qui a notamment organisé un entraînement à 23 heures cette saison) a été en 2013 la troisième équipe avec la meilleure possession de balle... en Europe, derrière le Barça et le Bayern Munich. Comme quoi, tout est relatif. 

Alors que le FC Barcelone n'a perdu aucun match depuis le début de saison, qu'il a une balance buts marqués/encaissés largement excédentaire (+14), le Camp Nou murmure. Peut être sent-il autre chose, que les choses ne vont pas si bien que ça à Can Barça. On le sait, la relation entre le groupe et la direction ne va pas fort. La plupart des cadres ont une admiration sans faille pour Pep Guardiola et Johan Cruyff, en guerre ouverte avec l'actuel président Sandro Rosell, élu jusqu'en 2016 et qui remettra probablement son titre en jeu dans trois ans.


Valdès a une dent contre son président

Xavi et Puyol ne disent rien pour le moment, mais tous deux regrettent le manque de chaleur de leur président, occupé à péreniser les finances à base de contrats publicitaires juteux. C'est un parti pris et vu l'évolution du football moderne et l'escalade transferts-salaires, cela paraît presque "normal". Mais c'est un fait. Et le malaise est encore plus grand si l'on tourne notre regard sur Victor Valdès et Andres Iniesta, deux autres grandes figures du club blaugrana. 

On le sait, Victor Valdès partira à la fin de la saison. C'est acté et irrévocable. Les supporters ont beau se creuser les méninges pour tenter de convaincre l'actuel meilleur gardien du monde (on en débat ?), Valdès ne sera plus là en 2014-15. Le Catalan va réaliser l'opération financière de sa vie en signant probablement à Monaco. Tout semble prêt depuis cet été : Valdès, proche de la Principauté cet été, a finalement décidé de rester une saison de plus à Barcelone pour encaisser l'argent que l'ASM allait verser au FCB (entre 15 et 20 millions d'euros).

Tout ira finalement dans sa poche. Une prime à la signature rendue possible car Valdès sera libre. Plus un salaire de 10 millions nets d'impôts par an. Si les statuts économiques et financiers de Monaco ne changent pas, voilà vers quoi on se dirige. Pour des raisons personnelles, Valdès va donc partir et privilégier l'argent au sportif. Un choix inattaquable si on relève qu'il a tout gagné dans sa carrière. Il se dit aussi que Valdès, l'une des grosses personalités du vestiaire, n'avait pas envie d'"offrir" une indemnité de transfert à un président qu'il n'aime pas et à qui il a publiquement refusé de serrer la main. Ambiance. 

La perte d'Emili Ricard, fondamentale pour "Don Andrès"

Sera-t-il rejoint par Andres Iniesta, l'un des plus grands joueurs du monde, et que l'on dit également froissé par sa direction ? Vous qui suivez régulièrement l'actualité du mercato, vous n'êtes pas sans savoir que "Don Andrès" est actuellement en pleine renégociation de son contrat. Le Barça veut évidemment le prolonger, car perdre l'un de ses emblèmes est à peine concevable en Catalogne. Sandro Rosell le sait et ne veut pas passer pour l'homme qui a "dit non" à Iniesta. Mais le joueur le sait aussi. Et il se fait désirer. En position de force, il a la main sur ce dossier. L'argent est un facteur mais pas le seul. La normalité voudrait que sa prolongation le propulse au deuxième rang des joueurs les mieux rémunérés derrière Leo Messi. Or, la présence de Neymar complique "légèrement" l'affaire.


A 29 ans, Iniesta sait que ce contrat est l'un des derniers de sa riche carrière, qu'il fait partie des cadres et qu'il est l'un des joueurs les plus populaires au monde. Iniesta sait aussi qu'il appartient au cercle très fermé des "bankables" et que des clubs (Manchester United, Manchester City, Paris Saint Germain) feraient des folies pour lui. D'ailleurs, s'il existe une possibilité de voler Iniesta, c'est maintenant ou jamais. Les prétendants, en contact avec l'agent et avocat du joueur Ramon Sostres, ont déjà commencé leur manœuvre. 

Je pense à titre personnel qu'Iniesta va rester au Barça et qu'il prolongera son contrat. C'est un homme de parole. Et comme l'a dit son père hier : "Andres a toujours dit que son souhait était de finir sa carrière à Barcelone". Mais Andrès va faire payer Rosell au centuple. Une question personnelle car le président l'a aussi séparé de l'un de ses fidèles, le physiothérapeute Emili Ricard, dont le contrat n'a pas été prolongé pour incompatibilité d'humeur (et une trop grande complicité avec Guardiola). Vous ne connaissez sans doute pas Ricard, mais il est fondamental pour Iniesta. Il a tout simplement donné la Coupe du monde à l'Espagne en 2010. Flashback : il y a quatre ans, Iniesta connaissait la pire saison de sa carrière.

Plusieurs choses minaient son moral. La perte de son ami Dani Jarque, le capitaine de l'Espanyol Barcelone victime d'un arrêt cardiaque et des blessures musculaires à répétition. Sa présence au Mondial sud-africain avait même été remise en question. Et c'est Emili Ricard qui avait remis sur pied Iniesta pour le rendez-vous de sa vie. Grâce à beaucoup de discussions, d'échanges, de séances de massage pendant lesquelles Iniesta a pu se confier. Ricard, juste avant le voyage en Afrique du Sud, avait même préparé à Iniesta un montage vidéo retraçant le parcours de grands champions (Fernando Alonso, Roger Federer, etc..). Tous avaient surmonté leurs malheurs avant de retrouver le chemin de la victoire. Ces images avaient été un déclic pour Iniesta, auteur du but en finale quatre semaines plus tard. 

L'éviction de son meilleur confident a été un sale coup pour Iniesta. Le magicien du milieu de terrain (qui ressemble le plus à Zidane aujourd'hui ?) ne se sent pas en confiance avec sa direction. Il n'a aucun rapport affectif avec elle. C'est le minimum que l'on puisse dire. En homme discret et respectueux de l'institution qui lui a tout donné, il ne dira jamais rien. Mais le malaise est là, latent. Et même les immenses tribunes du Camp Nou le sentent.

(SOURCE : EUROSPORT.FR)
A propos de l'auteur
François DAVID - Eurosport

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