Valdès va partir, Iniesta fait désirer sa prolongation. Ces
deux épisodes sont les témoins d'une vie de famille très turbulente
dans les coulisses du Barça, décrypte François David.
Bizarres ces derniers jours à Barcelone... Le Barça gagne 4-0 sur la
pelouse du Rayo Vallecano et on insiste sur la "perte" du style maison,
basé sur la possession de balle et le "Tiki-Taka" (les redoublements
de passe). A cause d'une statistique : pour la première fois depuis le 7
mai 2008 et une défaite 4-1 au Real Madrid, Barcelone a "perdu" la
possession de balle. Un crime pour les Ayatollahs du "Guardiolisme"
habitués à voir leur équipe gagner, mais surtout à dominer le match.
Sauf que l'on oublie que Gerardo Martino a été retenu pour amener "autre chose",
un peu plus de verticalité et d'intensité pour casser le rythme et
provoquer la faille dans les défenses. Et que le Rayo Vallecano de
l'explosif Paco Jemez (qui a notamment organisé un entraînement à 23
heures cette saison) a été en 2013 la troisième équipe avec la
meilleure possession de balle... en Europe, derrière le Barça et le
Bayern Munich. Comme quoi, tout est relatif.
Alors que le
FC Barcelone n'a perdu aucun match depuis le début de saison, qu'il a
une balance buts marqués/encaissés largement excédentaire (+14), le
Camp Nou murmure. Peut être sent-il autre chose, que les choses ne vont
pas si bien que ça à Can Barça. On le sait, la relation entre le
groupe et la direction ne va pas fort. La plupart des cadres ont une
admiration sans faille pour Pep Guardiola et Johan Cruyff, en guerre
ouverte avec l'actuel président Sandro Rosell, élu jusqu'en 2016 et qui
remettra probablement son titre en jeu dans trois ans.
Valdès a une dent contre son président
Xavi
et Puyol ne disent rien pour le moment, mais tous deux regrettent le
manque de chaleur de leur président, occupé à péreniser les finances à
base de contrats publicitaires juteux. C'est un parti pris et vu
l'évolution du football moderne et l'escalade transferts-salaires, cela
paraît presque "normal". Mais c'est un fait. Et le malaise est encore
plus grand si l'on tourne notre regard sur Victor Valdès et Andres
Iniesta, deux autres grandes figures du club blaugrana.
On
le sait, Victor Valdès partira à la fin de la saison. C'est acté et
irrévocable. Les supporters ont beau se creuser les méninges pour
tenter de convaincre l'actuel meilleur gardien du monde (on en débat
?), Valdès ne sera plus là en 2014-15. Le Catalan va réaliser
l'opération financière de sa vie en signant probablement à Monaco. Tout
semble prêt depuis cet été : Valdès, proche de la Principauté cet été,
a finalement décidé de rester une saison de plus à Barcelone pour
encaisser l'argent que l'ASM allait verser au FCB (entre 15 et 20
millions d'euros).
Tout ira finalement dans sa poche. Une
prime à la signature rendue possible car Valdès sera libre. Plus un
salaire de 10 millions nets d'impôts par an. Si les statuts économiques
et financiers de Monaco ne changent pas, voilà vers quoi on se dirige.
Pour des raisons personnelles, Valdès va donc partir et privilégier
l'argent au sportif. Un choix inattaquable si on relève qu'il a tout
gagné dans sa carrière. Il se dit aussi que Valdès, l'une des grosses
personalités du vestiaire, n'avait pas envie d'"offrir" une indemnité
de transfert à un président qu'il n'aime pas et à qui il a publiquement
refusé de serrer la main. Ambiance.
La perte d'Emili Ricard, fondamentale pour "Don Andrès"
Sera-t-il
rejoint par Andres Iniesta, l'un des plus grands joueurs du monde, et
que l'on dit également froissé par sa direction ? Vous qui suivez
régulièrement l'actualité du mercato, vous n'êtes pas sans savoir que
"Don Andrès" est actuellement en pleine renégociation de son contrat.
Le Barça veut évidemment le prolonger, car perdre l'un de ses emblèmes
est à peine concevable en Catalogne. Sandro Rosell le sait et ne veut
pas passer pour l'homme qui a "dit non" à Iniesta. Mais le joueur le
sait aussi. Et il se fait désirer. En position de force, il a la main
sur ce dossier. L'argent est un facteur mais pas le seul. La normalité
voudrait que sa prolongation le propulse au deuxième rang des joueurs
les mieux rémunérés derrière Leo Messi. Or, la présence de Neymar
complique "légèrement" l'affaire.
A 29 ans, Iniesta sait que ce contrat est l'un des derniers de sa
riche carrière, qu'il fait partie des cadres et qu'il est l'un des
joueurs les plus populaires au monde. Iniesta sait aussi qu'il
appartient au cercle très fermé des "bankables" et que des clubs
(Manchester United, Manchester City, Paris Saint Germain) feraient des
folies pour lui. D'ailleurs, s'il existe une possibilité de voler
Iniesta, c'est maintenant ou jamais. Les prétendants, en contact avec
l'agent et avocat du joueur Ramon Sostres, ont déjà commencé leur
manœuvre.
Je pense à titre personnel qu'Iniesta va rester
au Barça et qu'il prolongera son contrat. C'est un homme de parole. Et
comme l'a dit son père hier : "Andres a toujours dit que son souhait était de finir sa carrière à Barcelone".
Mais Andrès va faire payer Rosell au centuple. Une question
personnelle car le président l'a aussi séparé de l'un de ses fidèles,
le physiothérapeute Emili Ricard, dont le contrat n'a pas été prolongé
pour incompatibilité d'humeur (et une trop grande complicité avec
Guardiola). Vous ne connaissez sans doute pas Ricard, mais il est
fondamental pour Iniesta. Il a tout simplement donné la Coupe du monde à
l'Espagne en 2010. Flashback : il y a quatre ans, Iniesta connaissait
la pire saison de sa carrière.
Plusieurs choses minaient
son moral. La perte de son ami Dani Jarque, le capitaine de l'Espanyol
Barcelone victime d'un arrêt cardiaque et des blessures musculaires à
répétition. Sa présence au Mondial sud-africain avait même été remise en
question. Et c'est Emili Ricard qui avait remis sur pied Iniesta pour
le rendez-vous de sa vie. Grâce à beaucoup de discussions, d'échanges,
de séances de massage pendant lesquelles Iniesta a pu se confier.
Ricard, juste avant le voyage en Afrique du Sud, avait même préparé à
Iniesta un montage vidéo retraçant le parcours de grands champions
(Fernando Alonso, Roger Federer, etc..). Tous avaient surmonté leurs
malheurs avant de retrouver le chemin de la victoire. Ces images
avaient été un déclic pour Iniesta, auteur du but en finale quatre
semaines plus tard.
L'éviction de son meilleur confident a
été un sale coup pour Iniesta. Le magicien du milieu de terrain (qui
ressemble le plus à Zidane aujourd'hui ?) ne se sent pas en confiance
avec sa direction. Il n'a aucun rapport affectif avec elle. C'est le
minimum que l'on puisse dire. En homme discret et respectueux de
l'institution qui lui a tout donné, il ne dira jamais rien. Mais le
malaise est là, latent. Et même les immenses tribunes du Camp Nou le
sentent.
(SOURCE : EUROSPORT.FR)
A propos de l'auteur
François DAVID - Eurosport
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